UKRAINE : L'INDUSTRIE COSMÉTIQUE FACE À LA CRISE.

Je vous dévoile mon émission spéciale numéro 7

Ukraine : l’industrie cosmétique face à la crise.

Live du 18 Mai 2022 avec Steven.

LE PODCAST

LE THÈME Le 24 Février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Le « grenier de l’Europe » et ses 42 millions d’hectares cultivables ont été très impactés et les exportations ukrainiennes ont pour la plupart cessé. Parmi tant d’autres, le secteur cosmétique subit ainsi des conséquences considérables, notamment au niveau des approvisionnements. Les marques internationales présentes en Russie jusqu’alors ont dû se positionner sur leur poursuite d’activité ou leur fermeture. Ainsi dès début Mars le numéro un mondial L’Oréal a déclaré avoir fermé tous ses magasins et son site d’e-commerce, mais pas son usine près de Moscou. Le Français L’Occitane et l’Américain Coty ont pour leur part attendu fin avril pour stopper l’activité de leurs boutiques respectives. Unilever a préféré maintenir la distribution de ses produits d’hygiène en grande distribution et Yves Rocher a laissé ses franchisées indépendantes poursuivre leur activité.

Plusieurs prismes de cette guerre ont en effet un impact sur l’industrie cosmétique mondiale : LA GUERRE PHYSIQUE. Elle a un impact immédiat sur certains ingrédients utilisés en cosmétiques : face à des combats incluant mines et bombardements, la plupart des terres agricoles du pays sont immobilisées. Pire encore, elles sont sacrifiées pour plusieurs mois voire années en cas de "cesser le feu" : un agriculteur devra vérifier l’absence de mine sur sa terre avant de pouvoir l’exploiter… Autre aspect de cette guerre physique : les usines permettant la transformation de l’alcool par exemple à partir de la fermentation des betteraves ukrainiennes sont aussi à l’arrêt. Sans compter le nombre d’hommes partis au combat qui ne peuvent bien sûr plus travailler et donc produire. Ainsi, les marques cosmétiques ont perdu un fournisseur essentiel d’alcool naturel et d’huile de tournesol, deux ingrédients répandus dans les formules. LA GUERRE ÉCONOMIQUE : Pour reprendre l’illustration de Steven mon coanimateur durant ce live, si sur le plan matériel la guerre physique consiste à détruire instantanément les outils de travail ou les terres cultivables, pour une action court/ moyen terme, la guerre économique elle, aura un impact de plus long terme. Imaginons un agriculteur du centre de la France, en apparence éloigné de ce conflit. S’il n’a plus un composant indispensable à son tracteur parce que le pays en guerre ne le fournit plus et que son propre pays ne peut pas le produire, cet agriculteur ne pourra plus exploiter ses terres. Et l’ingrédient à récolter était sans doute nécessaire à d’autres secteurs (comme la betterave utilisée pour l'alimentaire mais aussi pour l’alcool cosmétique). C’est ensuite un effet domino sur toute la chaine… Les sanctions économiques des Européens et des États Unis envers la Russie ont dans ce sens cette vocation à gêner l’économie russe sur plusieurs années. Certains grands groupes cosmétiques ont suivi ce principe : quand L’Oréal, Shiseido ou Unilever déclarent arrêter leurs investissements dans le pays, ils réduisent les entrées financières et emplois éventuels sur place.

LA GUERRE PSYCHOLOGIQUE : Les trois grands groupes précédents ont décidé de cesser les investissements publicitaires également. Quand la population perd du jour au lendemain ses nombreux panneaux publicitaires ou spots tv internationaux, un isolement se fait ressentir par le peuple.

QUELLE INCIDENCE SUR UNE PETITE MARQUE DE COSMÉTIQUES qui se source localement en France ?

On pourrait penser qu’une marque de taille familiale qui se fournit dans sa région serait épargnée par ces tensions sur certaines matières premières… Mais en réalité cet approvisionnement est local dans un marché mondial : lorsqu’un composant comme le verre vient à manquer chez les fournisseurs ukrainiens ; ses clients habituels vont déporter leurs achats vers d’autres fournisseurs. La demande est donc toujours la même face à une offre qui est réduite ; les prix augmentent. Les producteurs de verre français par exemple, confrontés à beaucoup de commandes, peuvent devoir en refuser certaines, il y a alors pénurie. Lors de ce live interactif nous avons avec Steven échangé avec nos auditeurs sur ce qu’ils avaient constaté comme changements dans leur quotidien depuis février, les mesures qu’ils imaginaient voir de grands groupes prendre et les causes possibles des pénuries de matières premières. Bonne écoute !